La Fosse Mobile
A 10h30 environ, nous arrivons les derniers pour nous garer devant l'entrée sous les arbres, ce qui est logique puisque nous habitons les plus prés. Venus de Saintes, Denis et Aubin sont déjà en train d'équiper le puits, Christine et Fabrice s'agitent consciencieusement autour de leur matériel éparpillé au sol. En vis à vis, Bruno veille sur Lidwine dont ce sera la première descente sur corde. Tout le monde a fait connaissance.
Avec nous Corentin, mon fils, qui attaque ici son troisième puits et, à ce stade là il les compte, pas question d'être assimilé à un novice.
Nous nous équipons et d'un commun accord, nous mangeons notre casse-croûte avant de descendre. Encore sous le soleil, nous nous égrainons le longs de la descente, et tout à nos conversations nous gardons un oeil attentif sur nos deux débutants. Bien qu'il nous manque un descendeur et une poignée, le partage des agrés se gère sans problème et les apprentis s'appliquent à être disciplinés et efficaces. Nous atterrissons à la base du puits sans traîner, un peu émue Lidwine affiche un sourire plein d'optimisme.
Nous conservons le baudrier et les longes et d'un pas décidé, nous nous enfonçons dans le labyrinthe de la Fosse, terme parfaitement approprié, en direction de la Salle Sud. Le parcours abonde en gesticulations diverses et ludiques, enrichies ce jour là par la présence de nombreuses flaques d'eau, paramètre dynamique.
Denis veille sur Corentin, c'est préférable, et de loin nous parvient une phrase prononcée avec régularité par le boueux gamin: " C'est l'Enfer ! " ;)
Le balisage est en partie en place mais nous commettons comme d'habitude la même erreur, toujours au même endroit, confusion de direction dans un passage en épingle à cheveux, ce qui nous vaut une copieuse trempette dans le fond d'une baignoire, blague que certains réitéreront au retour ( quand on aime...).
A chaque nouveau couloir nous promettons de bientôt déboucher, jusqu'à enfin y parvenir, boueux mais d'autant plus enchantés. Tournée générale de la bouteille d'eau et autres sucreries bien méritées. Une visite des curiosités locales s'impose, dont le forage ( AAAHHHHH !!!! ) et la Grande Galerie ( HOOO!!!).
Nous ressurgissons en fin d'après-midi, attendus par Bruno et les enfants de Lidwine qui guettent l'expression sur nos bobines, contents !
Corentin, malgré ses commentaires dantesques ressort pas peu fier de cet acte de bravoure et, prêt à de nouveau en découdre, grâce à Denis. " Enfin un prof sympa !" Dixit l'initié.
Et pour poursuivre ,je vous propose un peu de lecture .
La légende de la Fosse Mobile
Tout le monde, dans le pays, connaît la Fosse Mobile de la forêt de la Braconne, et la terrible légende qui se rattache à ce trou noir et sans fond !
Un jeune homme de la région avait tué son père au cour d'une discussion motivée par l'intérêt. Il attendit que le soir fut venu pour se débarrasser du cadavre qu'il voulait jeter dans cet énorme trou qui allait jusqu'à la mer. Son crime serait à l'abri de tout regard. Personne ne saurait rien ! Donc, quand la nuit fut tout à fait sombre, il chargea le cadavre sur son dos et il s'enfonça sous les arbres, dans la direction qu'il connaissait bien. Mais le chemin s'allongeait au fur et à mesure qu'il avançait. Enfin, il cru arriver près d'une tache sombre. Mais non ! Ce n'était pas l'orée du trou, c'était une ombre encore plus épaisse ! Il marcha, il marcha encore. Cette fois, il était rendu. C'était la gueule noire de la Fosse. Non ! Ce n'était pas encore cela. Ainsi,toute la nuit il chercha la Fosse qui semblait se déplacer avec lui, tantôt à gauche, tantôt à droite. Sa charge lui pesait de plus en plus lourd sur ses épaules. Il sentait qu'il devenait fbu. Enfin, quand se leva le jour, il se retrouva dans un lieu inconnu; il abandonna le cadavre de son père au pied d'un chêne et il vint confesser son crime aux gendarmes de la Rochefoucauld. Et la Fosse qui avait refusé toute la nuit de se faire complice du crime le plus horrible, un parricide, fut appelée depuis la "Fosse Mobile ".
Autre légende de la Fosse Mobile
Autrefois, près de la Fosse Mobile, avait lieu une frairie chaque année. Une jeune ,fille des environs, plus belle que le jour, mourait d'envie d'aller à cette fête, mais ses braves gens de parents ne voulaient pas la laisser partir, alors elle dit :
" J'irai, j'irai, dussè-je danser avec le diable ! " Et elle s'en alla.
Un jeune homme, aussi beau qu'elle, la vint inviter à valser et, enlacés, ils dansaient si légèrement que leurs pieds semblaient ne pas toucher terre;mais les assistants s'aperçurent avec stupeur qu'à chaque tour du cavalier, des étincelles luisaient sous ses pieds. Ils tournèrent, tournèrent longtemps, longtemps ! Puis le danseur emporta sa partenaire vers la Fosse Mobile et jamais plus on ne la revit.
C'est depuis ce temps là qu'on ne voit plus de frairie à la Fosse Mobile.
(Textes extraits de "La Charente Souterraine" , document réalisé par l'ARS et le CDS16 )